« Soutenir, mieux que punir »
Avec un seul objectif de réduire les méfaits liés à l’usage de la drogue, l’Alliance Burundaise Contre le SIDA et pour la promotion de la santé ABS en sigle, a rejoint le monde entier qui célèbre la journée internationale soutenir, mieux que punir pour les usagers de drogue. Pour cette occasion, le 16 décembre 2016 à l’Hôtel Panoramique, ABS a animé un dialogue inclusif entre les usagers, les parents des usagers, les parlementaires et les partenaires du projet au Burundi.
Comme dans beaucoup de pays, le Burundi n’a pas de statistiques qui illustrent le taux des utilisateurs de la drogue en général et les drogues injectables en particulier. Mais la réalité au quotidien, prouve que la dépendance et le nombre d’usagers croient exponentiellement. Les consommateurs de la drogue dans l’ensemble sont considérés comme des morts vivants tandis que ceux qui utilisent les injectables à part ça sont plus exposés au VIH/SIDA plus que les autres populations clés notamment les travailleuses de sexe, les hommes ayant les rapports sexuels avec les hommes etc.
Pour Gérard Mbonabuca, Représentant Légal de l’ABS, les utilisateurs de la drogue sont des personnes les plus exposées VIH/SIDA. Il n’a pas mâché les mots en disant que les moyens utilisés depuis lors pour lutter contre le SIDA ont passé sous silence pour cette population clé.Il a ajouté que : « la consommation de la drogue n’est pas seulement une question sociale, économique et culturelle, c’est avant tout une urgence médicale. » Pour lui, il faut un effort conjugué de toutes les parties prenantes afin de créer un environnement favorable pour soutenir le travail de réduction de l’impact au Burundi et en Afrique Orientale, de promouvoir un accès à la prévention des risques et des méfaits liés à l’usage de la drogue.
Malgré l’absence des rapports concrets de la consommation de la drogue au Burundi, l’Officier de Police Chef, OPC1 Dismas Ntakibirora a précisé : « la consommation de la drogue existe au Burundi. la lutte contre ce fléau est un combat de tous les jours, et il faut savoir que les usagers de drogue ne sont pas des criminels, par contre ce sont des malades qui ont besoin d’une assistance.»
Pour Pierre Claver Njejimana, la dépendance à la drogue est une maladie guérissable comme toutes autres maladies par un changement positif de comportement et sous traitement de la Méthadone pour les usagers de l’héroïne. Pour lui, ce qui entrave la prise en charge de ces usagers, c’est parce qu’ils sont déconsidérés et stigmatisés par la société.
« Les représentants du peuple y compris moi, devraient faire quelque chose pour sauver les milliers de jeunes burundais qui souffrent de la consommation abusive de la drogue.» a ajouté l’Honorable Adolphe Baranyikwa.
Jean Pierre Ndahigeze un des parents des usagers de drogue est allé tout droit au but, et a demandé aux membres du gouvernement et aux parlementaires de faire tout ce qu’il faut afin d’introduire le programme de la méthadone et de construire un centre de désintoxication au Burundi. « Avant je stigmatisais mon fils, mais avec les informations reçues d’un de mes amis, je me suis remis et pour le moment, même si c’est difficile, j’essaie de dialoguer avec mon fils ainé d’une vingtaine d’année qui consomme de l’héroïne. » a précisé le parent.
Richard Nininahazwe, le représentant du réseau des usagers de drogue au Burundi a ajouté que les utilisateurs de la drogue sont confrontés à une série de problèmes, notamment la stigmatisation, la déconsidération et surtout on les traite comme des criminels ou encore plus comme des voleurs. Nous sommes les vraies cibles du VIH/SIDA, de l’hépatite C et d’autres maladies virales dont on ne connait même pas. » a stipulé Richard. Il recommande au gouvernement et ses partenaires d’introduire dans les meilleurs délais la méthadone comme médicament de substitution et la Naloxone pour l’overdose. Pour les jeunes qui n’ont pas encore consommé de la drogue, Richard leur donne un conseil gratuit, que c’est un chemin glissant et qu’ils ne soient pas du tout tentés de ce couteau tranchant.
Signalons que la journée a été une occasion spéciale de relancer la confiance et le dialogue entre les parents et les usagers de drogue qui ont finalement recommandé au gouvernement l’introduction de la méthadone et surtout d’infliger des punitions sévères aux trafiquants de drogues . Pour tous les participants il faut favoriser plus la dépénalisation que l’emprisonnement pour les usagers de drogues en général et les injectables en particulier.
Eric NSENGIYUMVA
Campaign Manager /ABS