Les parlementaires face aux problèmes des usagers de drogue

 

Comme d’habitude, pour la réussite totale de ses projets, ABS travaille toujours en étroite collaboration  avec tous les partenaires en amont et en aval. C’est dans ce cadre du projet régional « HIV and Harm reduction » mis en œuvre au niveau de l’Afrique de l’est par Kenya AIDS NGOs Consortium (KANCO) et au Burundi par l’Alliance Burundaise contre le sida et pour la promotion de la santé (ABS) que s’est tenue en date du 17 au 18 avril 2017 dans les enceintes de Best Outlook Hôtel, une session de dialogue avec les honorables parlementaires sur le programme de réduction des méfaits liés à l’usage de drogues injectables au Burundi.

Le dialogue a vu la participation de  54 personnes dont 26 honorables députés, les deux jours ont été une occasion inoubliable pour les usagers de drogue en particulier.

Dans son mot de bienvenue, le Représentant Légal de l’ABS a présenté brièvement l’organisation ainsi que l’historique du projet lancé officiellement au Burundi depuis Août 2016. Il a tenu à rappeler l’importance et les objectifs du projet dans le cadre des orientations sectorielles au niveau mondial et national et dont l’atteinte nécessite une approche holistique, intégrée et commune pour toutes les parties prenantes.

Le message lu par le représentant de KANCO au nom du Directeur exécutif a passé en revue la situation du VIH/SIDA en lien avec l’usage des drogues injectables dans le monde en général et en particulier en Afrique subsaharien qui en porte le lourd fardeau dans le monde. Un appel a été lancé pour renforcer le leadership des bénéficiaires et par des actions concertées.

Pour ce faire, les participants ont été invités à devenir des champions dans ce combat contre le VIH/SIDA.

Dans son mot d’accueil, le représentant du Maire de la Ville de Bujumbura a souhaité la bienvenue à tous les participants et particulièrement à ceux venus de l’extérieur du Burundi. Il a par ailleurs, souhaité que les parlementaires manifestent leur soutien aux activités de réduction des méfaits liés à l’usage des drogues injectables dont les méfaits constituent particulièrement une menace pour la jeunesse burundaise.

Dans son discours d’ouverture, l’assistante de la Ministre en charge de la lutte contre le VIH/SIDA a tenu à présenter sa reconnaissance pour la disponibilité des parlementaires au dialogue. Elle a par la suite présenté les progrès réalisés dans la lutte contre le VIH/SIDA depuis son apparition au Burundi en 1983. Toutefois, elle a rappelé que des comportements à risque dont l’usage des drogues injectables persiste. Par ailleurs, un appel solennel a été lancé aux honorables participants pour soutenir les objectifs mondiaux : zéro nouvelle infection, zéro discrimination, zéro décès.

Pour y arriver, elle a éclairé le besoin d’une approche communautaire, intégrée et holistique de tous. Avant de terminer son propos, elle lancé un appel aux participants pour devenir des champions (Imboneza) dans la lutte contre le VIH/SIDA au Burundi.

Pour l’OPC1 Dismas NTAKIBIRORA, conseiller juridique au Ministère de la sécurité publique, le Burundi égorge beaucoup de types de drogues avec des terminologies, des définitions, des classements, des modes d’utilisation, leurs effets sur l’organisme et sur le comportement humain.

Par ailleurs, l’orateur du jour a informé l’auditoire que finalement : « Un UDI n’est pas un criminel de nature, il est un malade à soigner et pas à emprisonner, il faut réprimer les trafiquants (dealers) ».

Pour Pierre Claver NJEJIMANA assistant psycho-sociale du centre neuro psychiatrique de Kamenge, les conséquences liées à  l’usage de la drogue sont nombreuses. Il a ajouté que les symptômes du sevrage non assisté sont aussi à risque jusqu’à la mort, d’où le besoin d’assistance médicale.

Après définition et l’usage médical des drogues, l’Assistant psycho-social a informé qu’au Burundi : « 80% de la population burundaise est droguée par l’alcool et le tabac qui peuvent générer une dépendance psychologique et physique ».

Comme approche de prise en charge, il a enfin précisé que: « il ne faut pas juger les usagers de drogue, il faut les comprendre et les appuyer avec des approches curatives tel que prescrit par les stades du changement du modèle cyclique de Prochaska et Diclemente ».

Par l’intermédiaire de  Richard Manirakiza du MSPLS, PNLS/IST, l’auditoire a été rappelé les différents engagements relatifs à la riposte au VIH/SIDA au niveau mondial. Au Burundi, le lourd fardeau se retrouve plus en Mairie de Bujumbura et au niveau des populations clés dont les usagers de drogue avec une séroprévalence de 10.2%. Pour éliminer le VIH d’ici 2030, le conférencier a suggéré de conjuguer les efforts avec les élus du peuple.

Le Professeur d’Universités et Consultant Sénior Menus Nkurunziza, a présenté les résultats de l’évaluation rapide réalisée cette année à l’endroit des usagers de drogues injectables et dont les résultats montrent une séroprévalence au VIH de10.2% ; au VHB de 9.4% et au VHC de 5.5%.

Quant au Directeur technique de Kanco, Onesmus Mlewa l’une des leçons apprises est que l’implication des hautes autorités du pays dans toutes les interventions multisectorielles du programme est réelle pour fermer le canal de transmission du VIH liée à l’usage des drogues injectables. Ceci se traduit par la volonté de supprimer l’approvisionnement (par la police); de réduire la demande par la prise en charge médicale et socioprofessionnelle dans des centres de réhabilitation des UDI ;  de réduire des méfaits (Harm Reduction).

Pour se rendre compte de la réalité du phénomène de l’usage des drogues, les honorables parlementaires ont effectué une visite dans un centre d’assistance médico-psycho-social  abrité par l’organisation membre d’ABS « Jeunesse au Claire Médical (JCM) » se trouvant dans la zone « Bwiza-Jabe » de la commune « Mukaza » où ils ont rencontré des usagers de drogues ainsi que le personnel de la clinique. A partir de cette rencontre, les honorables parlementaires ont pu évaluer l’ampleur du phénomène et ses conséquences sur la société en général. Ils ont également pris note des défis que rencontrent le centre dans la prise en charge des usagers de drogues.

L’Honorable Adolphe Banyikwa a exhorté à ses collègues Députés de profiter des occasions des descentes sur terrain pour sensibiliser la population contre le phénomène de l’usage de drogues. Il a aussi suggéré  le Ministère de la santé et de la lutte contre le sida et celui de la solidarité pour mettre en place un centre national de réhabilitation et de prise en charge nutritionnelle des usagers de drogues.

Prenant la parole à son tour, l’Honorable Mo-mamo Karegwa, est allée tout droit au but en suggérant à l’assemblée présente d’analyser et adopter une loi initiée par le Ministère de la santé et de la lutte contre le sida sur la réduction des méfaits liés à l’usage des drogues.

Selon Docteur Hérmenegilde Nzimenya Directeur du PNLS- IST  pour réussir au combat de  la lutte contre le VIH, il faut adopter une approche universelle pour toutes les populations clés y compris les usagers de drogues et surtout organiser une prise en charge globale de toutes les populations clés sans distinction aucune.

Butoyi Bryan usager de la drogue actif et bénéficiaire direct du projet,  il faut vite introduire la thérapie de substitution (la méthadone) auprès du Gouvernement et des Partenaires techniques et financiers (PTFs) sectoriels, pour lui, les usagers n’ont aucun dernier recours sauf la Méthadone. Il a suggéré aussi la formation suffisante des prestataires de prise en charge psycho-sociale et médicale de la dite catégorie.

Micheline comme Bryan, a aussi demandé à l’assemblée présente de voir comment équiper et renforcer le centre JCM pour une meilleure prise en charge globale et de considérer un usager de drogue comme un malade à soigner.

Soulignons que les assises ont terminé par une série de recommandation dirigées aux différentes catégories et des engagements riches des participants. Tous sont pour la réintégration des usagers de drogue et le non stigmatisation de ses dernières.

 

                                                                       Eric NSENGIYUMVA

                                                                    Campaign  Manager/ABS

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